• Interview d'un imam et d'un spécialiste de la radicalisation après les attentats de Paris. Focus sur le role de l'islam dans les attentats.
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    Vous savez, vous savez qu’à chaque fois qu’il y a des attentats terroristes, c’est vrai que nous demandons à des responsables religieux musulmans de venir s’exprimer. Et à chaque fois, on nous dit : « Ces attentats n’ont rien à voir avec l’islam. » Si, ils puisent de l’Islam. Non, mais je vous dis ça parce que dans l’esprit des gens, les gens ne comprennent plus qu’on puisse leur dire cela. Écoutez, Daesh, il applique le droit canon du Moyen-âge, dans ce qu’on enseigne à al-Azhar. Toutes les facultés de théologie enseignent ce que Daesh est en train d’appliquer. Donc ça à avoir avec l’Islam ? Ils puisent du substrat, parce qu’il n’y a pas une théorie théologique et canonique nouvelle. Vous savez, la pensée musulmane a toujours procédé par le Malhab. Et vous la connaissez très bien la doctrine, le malikisme, jafarisme, etc. On passe toujours par le biais de la doctrine pour articuler le texte à une réalité donnée. Aujourd’hui, cet esprit de doctrine de théorie est en faillite. Il n’y a plus de théorie. Il y a le salafisme, c’est le prélèvement scripturaire sans doctrine. On attrape, en particulier de ce qu’on appelle les Hadiths, plus que le passe le Coran et beaucoup plus polysémique, si vous voulez. Interpréter un verset, c’est très large. C’est-à-dire, les dits et les écrits attribués au prophète dans lequel, dans le corpus islamique, on a ce qu’on appelle des dédits faibles et forts. C’est-à-dire, est-ce que c’est attesté ? Ou bien ça a été forgé et inventé ? L’école salafiste va chercher les choses les plus farfelues ou les plus faibles, mais qui vont au secours de ce qu’ils vont faire, si vous voulez. Et ça, on a ce phénomène aujourd’hui. Ce qui fait qu’effectivement, l’effort théologique de l’Islam d’une certaine manière a été arrêté par le salafisme. C’est ce que dit Lima Mungroo. Et quand on dit : « Ça n’a rien avoir avec l’islam », évidemment, comme tel, c’est faux bien sûr. Daech se réclame de l’Islam, simplement, tout est question d’interprétation. Et, qui est capable aujourd’hui d’interpréter l’Islam ? Et qui n’est pas capable d’interpréter ? Et la guerre est au cœur de l’Islam, justement. Oui, oui. Le monstre est né à partir de cette absence de doctrine parce que dans les textes on trouve la chose et son contraire. Parce que les textes ont été révélés dans des réalités contradictoires. Donc il faut imaginer le texte dans son contexte. Ça, c’est l’herméneutique fondamentale. Comment le comprendre ici et maintenant ? Mais Tareq Ougrou, j’oserai, je l’ai fait ce matin, vous êtes un imam républicain ? Un imam normal. Je suis un type normal. C’est qui un imam normal ? Tareq Ougrou. Il faut garder le bon sens. Moi, je pense qu’il faut garder le bon sens. Parfois, la religion aliène l’individu. Or, la religion, le propre d’une religion, c’est de réconcilier l’individu avec ce qu’il est. Il ne faut pas qu’il y ait une interprétation qui cause de la schizophrénie, de la paranoïa, de l’aliénation. Mais lorsque vous tenez ce discours, lorsque vous êtes venu par exemple, on vous a reproché après. Vous êtes venu récemment ici même, on vous a reproché de tenir ce discours ? Tout discours nouveau frappe les esprits qui sont habitués à une rhétorique classique. Mais je pense que ce discours, il répond à l’aspiration de beaucoup de musulmans parce que les musulmans, ils veulent vivre comme tout le monde en définitive.
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