• Ce documentaire s'intéresse aux enfants qui fabriquent des vêtements pour Monoprix en Asie.
    La section commentaires est disponible en mode connecté uniquement. Merci !
    La section commentaires sera en ligne à partir du 15 décembre ! Veuillez patienter quelques jours :-)
    La section vocabulaire sera en ligne à partir de janvier 2016 ! Veuillez patienter quelques jours :-)
    Notre enquête se poursuit dans le bazar du bidonville pour retrouver d’autres ouvrières. Au détour de cette ruelle, nous avons une deuxième rencontre à faire. En vert et bleu, voici Khadija. Derrière elle, sa copine Charmine. Toutes deux sont voisines à la ville comme à l’usine. Oui, oui ! La même usine que celle d’Aki, l’usine Monoprix ! Cette fois en suivant la petite silhouette de Khadija, nous n’attendons pas d’être à l’abri pour lui poser la question essentielle. Tu as quel âge ? Moi, j’ai 14 ans. 14 ? Moi je pense plutôt que tu en as 12 ou 13. J’ai 12 ans. En réalité, Khadija ne sait pas si elle a 12, 13 ou 14 ans. Aucun acte officiel n’a été signé à sa naissance. Au Bangladesh, ce genre de document n’est obligatoire que depuis 2004. La discussion se poursuit chez Khadija : toit de fortune, cloison en tôle. L’année dernière, elle a quitté les bancs de l’école pour ceux de l’usine afin de payer cette cabane où elle vit avec ses parents trop malades pour travailler. Depuis, Khadija gamine du slum de Bashan Tek pointe à l’atelier textile comme une ouvrière adulte. Combien de jours par semaine elle travaille ? À quelle heure tu commences le matin ? À l’usine ? 8 h Et, tu termines à ? Je termine à 20 h. D’accord. Et, combien de jours par semaine ? Je travaille 6 jours par semaine. Au minimum des semaines de 72 heures qui parfois se prolongent sur son seul jour de repos comme le prouve sa carte d’ouvrière. Le tout pour fabriquer des produits Monoprix. Ça, elles connaissent ! Vous avez travaillé sur d’autres vêtements de cette marque ? Oui, il y en a eu d’autres. Est-ce qu’elles ont travaillé sur des choses avec cette étiquette ? Elle ? Oui, elle dit c’est ça ! Et elle avait fait quoi par exemple, c’était quoi comme produit ? Vous avez travaillé sur quel modèle pour cette marque ? D’autres pantalons, des shorts, des choses comme ça ! Et c’était quand ? C’était avant ? Oui. Il y a combien de temps ? 1 mois Non ! Pas 1 mois. 15 jours ! Ça, je reconnais. Ça, on s’en est occupé. Ça, elles ont fait ? Oui. Je suis triste parce que je ne peux pas aller à l’école, jouer avec les autres et sortir. Travailler à l’usine, c’est comme être enfermé dans une prison. Mais je suis obligé parce que mes parents sont pauvres. Pourtant en France des chartes existent pour lutter contre ces pratiques illégales. Il y en a même une, qui a été signée par l’ensemble des distributeurs français dont Monoprix. Eh, oui ! C’est l’ICS, l’Initiative Clause sociale créée en 1998, il y a presque 15 ans, des paroles et des actes en flagrante contradiction. Monoprix, on fait quoi pour vous aujourd’hui ? Pour nous, aujourd’hui, ça sera une interview au siège à Clichy. Nous avons sollicité la direction de Monoprix en expliquant que le sujet portait sur le travail des mineurs chez son principal fournisseur bangladais. 1-2, 1-2. Voilà, c’est bon ? 3 semaines plus tard, Cécile Cloarec directrice des ressources humaines, de la communication et du développement durable nous reçoit. C’est bon pour vous ? C’est parti ! On revient à l’instant du Bangladesh et nous avons notamment enquêté dans une usine qui travaille pour vous. Elle s’appelle Chittagong Fashion Millennium Textiles ltd. Est-ce que vous, vous êtes déjà allé sur place ? Est-ce que le groupe Monoprix est allé sur place au Bangladesh ? Le groupe Monoprix va sur place au Bangladesh, mais ce sont nos professionnels du textile que nous envoyons, qui vont discuter avec les fournisseurs de la qualité des produits, et qui ne sont pas en charge de la partie sociale du fonctionnement des usines. Vous nous avez rapporté des faits qui sont extrêmement graves et je tiens à vous dire en tous cas que ces faits-là, s’ils sont avérés, sont totalement inacceptables pour Monoprix. On est absolument à l’encontre, et de nos valeurs et des règles sur lesquelles qu’on demande à nos fournisseurs de s’engager. On a été frappé par les conditions de travail des personnes qui fabriquent des vêtements pour le groupe Monoprix, conditions de travail notamment sur les horaires. Comment expliquez-vous que vous, le groupe Monoprix, vous travailliez avec cette usine depuis 9 ans ? Comment se fait-il que nous, journalistes à l’équipe de Cash Investigation, on vous apprenne ces choses-là ? Vous devriez le savoir depuis très longtemps ? Nous travaillons avec cette usine depuis plusieurs années, elle a signé un engagement éthique. Elle ne le respecte pas. Manifestement en tous cas, dans les faits que vous nous relatez et qui sont extrêmement graves, si ces faits sont avérés, ça veut dire qu’effectivement elle ne respecte pas ses engagements et nous avons pris votre alerte très au sérieux, dès que vous nous avez contactés, nous avons arrêté immédiatement toute production dans cette usine et nous avons diligenté un audit pour comprendre ce qu’il s’y passe. Donc maintenant, il s’agit effectivement d’aller plus loin pour, et vérifier la chaine de responsabilité et prendre les éventuelles mesures qui s’imposent. Alors, on va rentrer beaucoup plus clairement dans ce que nous avons constaté sur le terrain. Par exemple : Aki, qui a 17 ans, elle travaille dans cette usine qui travaille pour le groupe Monoprix depuis 1 an. Ça veut dire qu’elle a commencé à travailler, elle avait un peu moins de 16 ans. Elle a travaillé notamment sur ce short à carreaux qui est ici. On l’a rapporté du Bangladesh, donc on est certain qu’elle a travaillé là-dessus. C’est un short Boutchou ! Donc, il est avec l’étiquette qui est apposée là-bas, donc on voit bien que c’est un short qui est fait pour vous. Est-ce que c’est normal qu’une jeune femme qui a commencé à travailler à 16 ans dans cette usine pour vous travaille 70 heures par semaine pour fabriquer des vêtements qui sont dans vos magasins ? Et que nous achetons ! Je vais être très claire, c’est totalement anormal ! Et totalement contraire à ce que Monoprix exige de ses fournisseurs. Oui, mais c’est par normal qu’on vous l’apprenne très franchement ! Soyons extrêmement clairs et je pense que c’est important pour les Français qui vont regarder ce reportage. Ces produits vous n’allez pas les trouver en rayon. Vous allez les retirer ? Non seulement la production a été arrêtée et ces produits vont être évidemment retirés des rayons ! Je vais vous montrer le visage d’une jeune fille pour le coup. Très jeune, on la voit ici, elle s’appelle Khadija cette fois. Donc là, on est pour le coup véritablement dans le travail d’enfant. C’est-à-dire que cette jeune fille, elle ne va plus à l’école et elle travaille dans les usines qui fabriquent des vêtements Monoprix. La seule chose que je peux vous dire c’est que ces images Regardez son visage, hein ! En tous cas son visage, voilà, heu… Ce fait en tout cas est totalement inacceptable !
A propos de cet extrait